Depuis qu’il a été propulsé au-devant de la scène politique, devenant vice-président de la première Chambre, le nouveau patron du Mouvement populaire (MP), ex-ministre évincé de la Jeunesse et des sports, ne cesse de faire parler de lui. Et pour cause. Il est aujourd’hui, avec son collègue, Abdennebi Aidoudi, l’incarnation même de l’opposition rhétorique, dans laquelle excellait le PJD. Dans les faits, cela se traduit par l’usage abusif de la rhétorique, tentative de tout dire sans rien dire et poser des questions générales tout en exigeant des réponses concrètes et pointues.
Au Parlement, profitant du passage du ministre de la Culture pour une séance de questions orales, le successeur de Mohand Laenser n’a pas hésité à matraquer : où sont passés les 200 millions de dirhams que le gouvernement a consacrés à l’amazigh, pourquoi le gouvernement n’a pas décrété le Jour de l’An amazigh comme jour férié, pourquoi les zones amazighophones ne bénéficient pas encore de leur part du développement ? Autant de questions pour lesquelles le député a exigé des réponses séance tenante.
Il est vrai que depuis sa création, le MP est catalogué comme parti à référentiel amazigh, et bien plus tard, il s’est donné comme credo la promotion de l’amazigh et du monde rural. Mais son discours est toujours resté modéré et constructif. Il est vrai aussi que le MP n’est pas le seul parti à revendiquer ouvertement la «fériérisation» du 13 janvier. L’Istiqlal de Hamid Chabat est bien passé par là, en 2015. Le RNI est allé plus loin, déposant, début janvier 2021, une proposition de loi préconisant la reconnaissance du Nouvel An amazigh et l’officialisation du rituel qui va avec comme fête nationale. Les sorties au nom du MP de Mohammed Ouzzine ne s’arrêtent pas là. C’est le seul parti qui a décidé de surfer directement sur la polémique créée autour du concours d’accès au Barreau.
Le populisme, toujours payant
D’autres formations, le PJD en l’occurrence, y ont réagi, mais intelligemment, à travers leur jeunesse. Les Harakis, eux, y sont allés frontalement, critiquant le gouvernement, d’abord pour son «absence de réaction», l’accusant même de pratiquer «la politique de la sourde oreille» et de «la fuite en avant» à «ce large débat public et médiatique». Et pendant qu’il y est, le MP profite de l’occasion pour réitérer «son appel au gouvernement, au vu de sa responsabilité directe s’agissant de la gestion des affaires publiques, à rompre avec son approche unilatéraliste en matière d’engagement des réformes majeures». Plus subtile et sans tapage médiatique, l’USFP s’y est pris autrement, adressant, par voie parlementaire, une question écrite au ministre de la Justice sur le même sujet.
Last but not least, si d’autres formations l’ont devancé, déjà depuis le début de l’actuelle législature, pour demander l’interdiction du cumul entre le mandat de ministre et de président d’une Commune, Ouzzine, lui, s’attaque à une autre niche qu’il a connue, alors qu’il était ministre, le sport. Une proposition de loi que son parti vient de déposer au Parlement a ainsi pour objectif une interdiction de cumul entre un mandat politique et un autre à la tête d’une organisation sportive, qu’il s’agisse d’un club ou d’une fédération sportive. Ce n’est pas sans lien avec le récent scandale de vente de billets du Mondial du Qatar. Par ce texte, le parti propose d’inscrire dans la loi l’incompatibilité entre le mandat des membres des associations et des fédérations sportives et celui d’élu au Parlement, aux collectivités territoriales ou aux Chambres professionnelles.