Vendredi dernier le marché financier a vécu l’horreur. L’indice boursier a connu une chute assez violente, franchissant à la baisse le seuil psychologique des 10.000 points. Un niveau de performance qui nous ramène à l’ère du premier confinement imposé par la crise sanitaire. Mais ce mini-séisme n’est pas dû à une nouvelle crise planétaire. C’est plutôt un effet de rattrapage accentué par le mécanisme de vases communicants entre les différents compartiments du marché.La dégringolade des prix des actions cotées à la Bourse de Casablanca est directement liée à l’évolution du marché de la dette. Lequel compartiment est essentiellement composé de Bons du Trésor dont les taux ont connu une envolée record la semaine dernière. La vingtaine d’investisseurs institutionnels (banques, assurances, gestionnaires de fonds) ont échangé les titres de la dette souveraine sur le marché secondaire, à des prix plus élevés.
Cette pression sur la courbe est venue prendre le Trésor à la gorge pour le contraindre à revoir à la hausse les prix des nouveaux bons. Ce sont d’ailleurs ces mêmes institutionnels qui soumissionnent pour l’achat de la dette primaire lors des séances d’adjudication des Bons du Trésor. Et pour les premières enchères de l’année, cela a bien marché. Les taux sur les nouveaux titres de dix ans se sont par exemple appréciés pour s’aligner sur le niveau du «marché de l’occasion». Cette position de marché a conduit à une chute brutale de la valeur des actifs. Quand on sait que les institutionnels sont eux-mêmes les premiers clients (et parfois propriétaires) des OPCVM, on pourrait croire qu’ils se sont tiré une balle dans le pied. Mais une valorisation à la clôture reste une image à un instant T. Elle peut faire mal au petit boursicoteur qui, pris de panique ou en besoin de cash, finit par vendre. Les institutionnels, eux, sont sur des stratégies à long terme et ont les reins solides pour encaisser ce réajustement qui peut s’avérer payant à terme. En forçant la main au Trésor à élever la partie longue de sa courbe, ils justifient cette revalorisation des taux sur le marché secondaire. Surtout que celui-ci est censé accueillir un puissant «gambler» : Bank Al-Maghrib, qui a annoncé son intention d’intervenir dans ce compartiment. La gardienne du temple commencera donc à négocier avec les opérateurs les prix des titres de seconde main. C’est une demande supplémentaire estimée à 25 MMDH qui est ainsi créée. Difficile de reprocher aux gestionnaires de ne pas anticiper cette manne en accueillant le nouveau venu sur de bonnes bases.
Ce forcing sur les maturités longues permet aussi d’ajuster l’écart avec les taux des bons à moyen terme (2 et 5 ans), gisement dans lequel le Trésor fait l’essentiel de ses emplettes. Cela donne de la marge pour imposer un réajustement sur ces durations. Le même raisonnement peut mener jusqu’au taux au jour le jour, et donc au taux directeur que BAM a augmenté de 100 points depuis septembre dernier. Mais cela ne semble pas suffire à ces institutionnels, surtout dans ce contexte inflationniste parti pour durer. Puisque tous les biens et services sont devenus plus chers, ne serait-il pas normal que l’argent suive le même trend pour garder sa valeur ? Sauf que cette «marchandise»commercialisée sous une forme ou une autre (assurances, crédit, placement…), n’appartient pas totalement à ces investisseurs. Heureusement d’ailleurs…
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